Un rapport de police manuscrit, daté du 20 décembre 2017, indique qu’un homme âgé de 25 à 30 ans a été retrouvé avec une balle dans le corps sur une route d’Alamos, dans l’état de Sonora. Il a été identifié comme Ramón Andrés Zabala Corral, et selon le procureur de la République, le tueur à gages qui a tiré sur Breach.

Zabala est né, a vécu et est mort à Álamos, au sud de Sonora, dans une région où Los Salazares font du trafic de drogue et du trafic de migrants.

Aucune des images prises par les caméras de rue des assassins du journaliste n’identifie un visage. Un témoin qui a d’abord dit au procureur de Chihuahua qu’il avait vu le tueur alors qu’il fuyait la maison de Miroslava, après l’avoir tuée, a ensuite dit au procureur général fédéral qu’il n’avait jamais vu le visage du tueur.

Zabala était également lié au crime car, selon le dossier, son numéro de téléphone figure dans le journal des appels passés par Vega Villa sur les lieux du crime.
Le Colectivo 23 de Marzo a identifié trois comptes Facebook au nom de Zabala. Ses proches ont déclaré à Sonora qu’il était un homme tranquille, qui quittait la maison pendant de longues périodes, qui changeait souvent de téléphone portable et qui se fâchait contre sa famille quand ils y prêtaient attention.

On ne sait pas exactement quand et comment Zabala a fui vers la Sierra, ni ce qu’il a fait pendant les neuf mois où il était un fugitif. Identifiant un rapport de la police fédérale comme sa source, un chroniqueur du quotidien national El Universal a écrit que Zabala était à Alamos depuis quelques mois, que dès qu’il est descendu de l’avion à Chínipas, El Larry, le tueur actuellement en prison, s’était réfugié à la mine de Palmarejo (appartenant à la société américaine Coeur Mining) et que les deux hommes étaient protégés des autorités locales. Le représentant de Coeur Mining n’a pas répondu à la demande d’interview faite par le collectif pour entendre leur version de l’histoire afin de corroborer les graves accusations.

Près de deux mois et demi après l’assassinat de Zabala, le 9 février 2018, le collectif a demandé au procureur de la zone centrale, Carlos Mario Jiménez, pourquoi les autorités n’avaient pas réussi à capturer Zabala, en particulier après que le gouverneur Corral eut annoncé que les assassins étaient identifiés depuis mi-avril. Le procureur Jiménez a répondu : « Nous avons décidé de ne pas demander d’aide à Sonora. Ces gens (Los Salazar) sont là depuis de nombreuses années et ce ne serait pas plus sûr (….) C’était une décision stratégique. »

Jusqu’à présent, seul Moreno Ochoa, El Larry, a été arrêté et présenté comme le seul responsable du meurtre de Breach.

Dans les dossiers des procureurs fédéraux et des procureurs de l’État, rien n’indique qu’ils aient enquêté pour savoir si les employés de la compagnie minière auraient pu aider à cacher le fugitif, même si un organe de presse avait déjà rendu cette suspicion publique. Il n’apparaît pas non plus dans les dossiers que les autorités avaient analysé les carnets de vol des avions qui ont quitté l’aéroport de Chihuahua les jours en question. Le dossier ne contient pas non plus d’informations sur d’éventuels entretiens avec les pilotes, le personnel de l’aéroport ou les fonctionnaires de Chínipas concernant le mouvement des avions. Les dossiers ne font état d’aucun déplacement des autorités dans la région de la Sierra Tarahumara, malgré le contrôle que les groupes criminels exposés par Breach y exercent.

Le procureur général Cesar Augusto Peniche n’a pas répondu à notre demande d’interview. Il a été déclaré publiquement au cours de la procédure judiciaire que le bureau du procureur fédéral spécial (FEADLE), qui s’est saisi de l’affaire de l’assassinat du journaliste, n’a pas ajouté de nouvelles preuves au dossier contre El Larry. Les questions soulevées par cette enquête journalistique restent sans réponse.

Découvrez l’histoire complète sur www.proyectomiroslava.org et www.elclip.org