Projet Bruno et Dom

Au Brésil, des terres de l’Amazonie à vendre sur Facebook

En poursuivant le travail du journaliste britannique Dom Phillips sur le pillage de l’Amazonie, ce 3e volet du « Projet Bruno et Dom » dévoile un système organisé d’accaparement des terres. A sa tête : un puissant propriétaire terrien déjà mis en cause dans de gigantesques incendies qui ont décimé l’Amazonie en 2019. L’enquête montre également comment le réseau social Facebook continue d’être utilisé pour mettre en vente des terrains d’Amazonie, dont des terres publiques protégées et malgré les engagements de la plateforme.

Disponible en

Par Karine Pfenniger

3 juin 2023

Traduit par Amy Thorpe et Sophie Stuber.

Par Mariana Abreu et Daniel Camargos (Repórter Brasil).
Cet article s’appuie sur des travaux de recherche et d’analyse de données réalisés par Ruan Martins.
Eduardo Goulart (OCCRP) a contribué aux recherches.

D’une voix affable, « João » énumère les atouts des terrains qu’il met en vente, au cœur de la forêt amazonienne. « Ce sont des domaines immenses, de grandes fermes », nous dit celui qui se présente avec ce prénom dans un message vocal WhatsApp. Nous l’avons contacté en nous faisant passer pour des clients potentiellement intéressés suite à une annonce publiée sur Facebook.

S’il reste discret sur son identité dans ce message, « João » n’est pas avare de détails en revanche quand il s’agit de décrire les terres qu’il vend. Elles ne sont « pas déboisées », mais « João » se propose « de faire l’abattage à [ses] risques ». Leur superficie peut aller jusqu’à 8 000 hectares (plus de 11 000 terrains de football) et leur prix de vente est de 1 200 reais par hectare (environ 220 euros), dit-il. La vente de ces terres revendiquées par l’État du Pará est en principe illégale mais cette curieuse offre est faite au vu et au su de tous, sur le plus gros réseau social du monde. Et comme « João », ils sont au moins des dizaines à mettre en vente des terres amazoniennes sur Facebook.

Un phénomène décelé par Dom Phillips dès 2019. A l’époque, le journaliste britannique, qui enquête sans relâche sur le pillage de l’Amazonie et l’accaparement rampant des terres publiques, repère une annonce pour la vente d’un terrain protégé postée sur Facebook par une certaine Nair Rodrigues Petry, dite « Nair Brizola ».

En poursuivant l’enquête de Dom Phillips sur cette propriétaire terrienne, le troisième volet du « Projet Bruno et Dom » révèle l’existence d’un système organisé d’accaparement des terres dont Nair Brizola a visiblement bénéficié et qui serait orchestré par un homme déjà mis en cause dans une série d’incendies qui ont décimé l’Amazonie en 2019.

Nous avons également découvert que Facebook est toujours utilisé pour mettre en vente des terrains au cœur de la forêt amazonienne, dont des terres publiques protégées. Une pratique déjà dénoncée par de précédentes enquêtes journalistiques mais qui perdure malgré les annonces de la plateforme en 2021.

Feux de forêts dans l’État du Pará. (Photo : João Laet / Repórter Brasil / The Guardian)

Facebook, feu et forêt

En août 2019, l’Amazonie brûle. En un weekend, le 10 et le 11 août, l’Institut national de recherche spatiale du Brésil (INPE) recense 1 457 points chauds dans l’État, une augmentation de près de 2 000 pourcents par rapport à la même période l’année précédente. Médiatisée dans le monde entier sous le nom de « Dia do Fogo » (la « Journée du feu »), la destruction de l’Amazonie provoque l’émoi de chefs politiques dont Emmanuel Macron, poussant Jair Bolsonaro, alors président du Brésil, à nier l’existence des incendies lors de son discours d’ouverture du 74e Congrès de l’ONU. Au Brésil, des procureurs fédéraux soupçonnent une action criminelle organisée par des propriétaires locaux et ouvrent une enquête, toujours en cours.

A Cachoeira da Serra, alors que les incendies font rage dans cette localité du sud-ouest du Pará, une propriétaire terrienne interpelle des journalistes en reportage : les auteurs des feux seraient les fonctionnaires de l’Institut Chico Mendes, l’organisme fédéral en charge de la conservation de la biodiversité au Brésil. Retweetée par le ministre de l’environnement d’alors, Ricardo Salles, l’affirmation provoque même l’ouverture d’une enquête de police ordonnée par le président Jair Bolsonaro.

Annonce Facebook de Nair Brizola pour la vente d’un terrain situé dans une réserve biologique, juillet 2019. (Photo : Meta)

Les médias brésiliens découvrent cependant que la propriétaire en question, Nair Brizola, a reçu quelques jours après la « Journée du feu » une amende de plus d’un million de reais (environ 240 000 euros à l’époque) de l’Institut Chico Mendes pour avoir détruit « par le feu » près de 71 hectares dans une réserve biologique à proximité de Cachoeira da Serra. Et qu’elle s’est déclarée propriétaire d’un gigantesque terrain entièrement situé dans cette réserve, pourtant interdite à la propriété privée.

Avec le photographe João Laet et le journaliste Daniel Camargos de Repórter Brasil, aujourd’hui membre du consortium coordonné par Forbidden Stories, Dom Phillips se rend quelques mois plus tard sur le terrain. Au milieu des terres en partie calcinées et déboisées de la réserve, les deux reporters découvrent que Nair Brizola a mis en vente sur Facebook un terrain situé dans cette réserve protégée.

Grâce à cette annonce repérée par les deux journalistes et à l’analyse des documents administratifs du terrain revendiqué par Nair Brizola, nous avons pu remonter jusqu’à un des principaux suspects de la « Journée du feu », un propriétaire terrien président du syndicat des producteurs ruraux de la ville de Novo Progresso, dans l’État du Pará. Son nom : Agamenon da Silva Menezes. Un homme puissant qui aurait mis en place un système élaboré d’accaparement des terres avec la complicité de son gendre, Wilmar Santos Melo, qui a enregistré des dizaines de parcelles situées dans des zones publiques et protégées. Parmi elles notamment, celle revendiquée par Nair Brizola, qui semble être une bénéficiaire parmi d’autres du système Agamenon. Au total, Wilmar Santos Melo a enregistré près de 75 000 hectares dans des zones publiques et protégées du Pará, plus de sept fois la superficie de la ville de Paris.

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Parcelles enregistrées dans le CAR du Pará par Wilmar Santos Melo. (Image: Guillaume Meigniez)

Au cœur de leur système, un registre mis en place à l’origine pour notamment lutter contre la déforestation au Brésil : le cadastre environnemental rural, appelé CAR. Créé en 2012, il oblige normalement les propriétaires à donner des informations environnementales de leur domaine, par exemple sur la végétation et les sols. Mais il n’est pas un titre de propriété. En pratique pourtant, son caractère auto-déclaratif et l’absence de contrôles ont conduit les accapareurs de terre à en faire leur nouvel outil pour grignoter des terres publiques. Il suffit en effet d’enregistrer une parcelle convoitée dans le CAR pour obtenir un document officiel du registre, que les accapareurs de terre détournent pour prétendre à la propriété – et pour obtenir de nouveaux documents officiels légitimant la propriété. Et cela, même si les auteurs ne sont pas propriétaires, même s’ils occupent des terres publiques.

Pour détourner à grande échelle le CAR, il faut la complicité de professionnels du foncier qui connaissent parfaitement la législation et ses failles. « Généralement, dans chaque municipalité, vous avez peut-être deux à trois personnes qui savent tout, qui savent qui possède quoi, qui est où, quels sont les prix. Ce sont eux aussi qui font le CAR. Ce sont eux qui font aussi la procédure à l’agence foncière. Ils contrôlent en quelque sorte ce marché », explique Brenda Brito, chercheuse de l’ONG amazonienne Imazon, déjà interviewée à ce sujet par Dom Phillips, qui s’intéressait aux failles légales facilitant l’accaparement des terres dans le cadre de son livre.

C’est ici qu’intervient Wilmar Santos Melo, le gendre d’Agamenon Menezes. L’homme a enregistré au moins 600 parcelles dans le CAR du Pará. 77 d’entre elles, dont celle au nom de Nair Brizola, correspondent à des surfaces entièrement ou partiellement situées dans des unités de conservation, des zones publiques protégées et interdites à la propriété privée. « C’est une honte, parce qu’il est impossible d’avoir la moindre propriété à l’intérieur de ces endroits », réagit Rômulo Batista, porte-parole de Greenpeace Brésil, à qui nous avons fait part de ce chiffre (à noter qu’en pratique, il existe au Brésil de nombreuses unités de conservation où le processus d’expropriation des anciens propriétaires n’est pas encore terminé).

Amende infligée par l’Institut Chico Mendes à Nair Brizola en 2019. (Image : Repórter Brasil / Forbidden Stories)

Contacté par Repórter Brasil, Agamenon Menezes a confirmé ces enregistrements dans le CAR et son lien avec Wilmar Santos Melo, qui agirait en tant que fonctionnaire du syndicat des producteurs ruraux. Selon lui, ce syndicat qu’il préside à Novo Progresso, dans le Pará, serait même à l’origine de l’enregistrement de « plus de 600 propriétés [situées] dans des unités de conservation » et il fournirait « de nombreux services » fonciers. Sollicité par l’intermédiaire d’Agamenon Menezes, Wilmar Santos Melo n’a pas souhaité faire de commentaire.

Nair Brizola nous a assuré être propriétaire du terrain depuis 1994, avant la création de la réserve, une réponse similaire à celle faite à Dom Phillips en 2019. « J’ai payé pour cette propriété. J’ai payé pour avoir le droit d’être ici », a-t-elle dit. Elle a également indiqué ne pas se souvenir de l’enregistrement de la parcelle dans le CAR, pourtant effectué par Wilmar Santos Melo en 2015.

« Il m’a cherché, cherché, cherché jusqu’à ce qu’il trouve »

Proche du pouvoir politique tant au niveau municipal que fédéral, Agamenon Menezes a déjà été décrit par la presse comme un accapareur de terres prêt à tout pour arriver à ses fins. Dans une interview de 2017 au média en ligne Mongabay, il avait déclaré au sujet de familles paysannes sans-terre, installées sur un terrain fédéral qu’il convoitait : « Nous faisons ce qu’il faut. S’ils utilisent des matraques contre nous, nous utilisons des matraques. S’ils utilisent des couteaux, nous utilisons des couteaux. (…) La façon dont cela se fait dépend d’eux (…) mais à la fin, nous les faisons sortir. » Le lendemain, six hommes armés attaquaient le camp, tirant des coups de feu en l’air, rapportait le site d’information. Personne n’a été blessé ce jour-là, mais les « sans-terre » ont finalement été expulsés. Quant à leur leader, Aluisio Sampaio dit « Alenquer », qui critiquait régulièrement les pratiques d’Agamenon Menezes et l’avait accusé de l’avoir menacé de mort, il a été tué en plein jour environ un an et demi plus tard. Le principal suspect a été arrêté, puis relâché et assassiné. Questionné par Repórter Brasil, Agamenon Menezes a d’abord déclaré n’avoir jamais parlé à « Alenquer » avant d’ajouter : « il m’a cherché, cherché, cherché jusqu’à ce qu’il trouve. Ceux qui ont tué ce type, ce sont les gars qui étaient installés [dans le camp] ».

Bien que plusieurs fois poursuivi par la justice, Agamenon Menezes n’a à ce jour jamais été emprisonné. Dans l’enquête sur la « Journée du feu », toujours en cours, il a été entendu par la police et son domicile et ses bureaux ont été perquisitionnés. Agamenon Menezes nie son implication et réfute l’existence de la « Journée du feu », une invention des médias selon lui.

Agamenon da Silva Menezes interviewé par Dom Phillips et Daniel Camargos, 2019. (Photo : João Laet / Repórter Brasil / The Guardian)

L’activité de son gendre n’a pas non plus échappé aux enquêteurs de la « Journée du feu ». Selon un rapport de la police fédérale dont nous avons obtenu une copie, après les événements, Wilmar Santos Melo a enregistré dans le CAR quatre parcelles déboisées lors de cette série d’incendies. A en croire la plateforme publique du CAR du Pará, il continue à ce jour d’enregistrer de nouvelles parcelles dans ce registre, et ce, même si la majorité d’entre elles sont en cours d’analyse par les autorités, un signe qu’elles ont pu éveiller les soupçons de l’administration. Le parquet fédéral n’a pas souhaité commenter les activités de Wilmar Santos Melo, se référant au secret de l’enquête sur la « Journée du feu ».

En 2016 déjà, l’Agence fédérale de protection de l’environnement du Brésil (IBAMA) infligeait à Wilmar Santos Melo une amende de 111 500 reais (environ 30 000 euros à l’époque) pour avoir fourni « de fausses informations dans la procédure administrative d’enregistrement environnemental rural » de plusieurs parcelles dans le Pará, selon l’autorité, qui précise que l’amende est actuellement contestée au tribunal.

Quant à Nair Brizola, nous avons découvert qu’elle a bénéficié d’un non-lieu au civil et au pénal. Le parquet fédéral a fait appel de cette décision, ce qui ne l’a pas empêchée de mettre à nouveau en vente le terrain sur Facebook.

Le terrain de la réserve biologique revendiqué par Nair Brizola, 2019. (Photo : João Laet / Repórter Brasil / The Guardian)

L’Amazonie, terre publique à vendre sur Facebook

En attendant, les annonces comme celle de Nair Brizola fleurissent sur Facebook. Nos recherches sur la plateforme nous ont permis d’identifier plus de 60 annonces suspectes pour la vente de terrains dans les États d’Amazonas, du Pará et du Mato Grosso. En trois semaines, pour ces trois états, sept annonces par jour de ce type étaient postées sur le réseau social en moyenne, selon nos calculs.

Bien souvent dans notre échantillon, le terrain proposé est immense, en partie déboisé et sans titre foncier. L’offre est aussi dans la plupart des cas à très bas prix : jusqu’à 450 reais l’hectare (environ 82 euros) parmi les annonces collectées.

La vente d’un terrain à prix cassé peut être un signe d’accaparement des terres. « Normalement la vente [des terres accaparées] se fait à un prix bien inférieur à la valeur du marché », explique Heron Martins, du Center for Climate Crime Analysis (CCCA), une ONG qui dénonce les agissements des entreprises contribuant au réchauffement climatique. En contrepartie, l’acheteur risque de ne jamais pouvoir régulariser la propriété.

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Annonce Facebook pour la vente de terrains dans le Pará, mai 2023. (Image : Meta)

L’un des vendeurs qui propose des terrains d’Amazonie à petit prix est « João », l’homme que nous avons contacté en nous faisant passer pour des clients. Pour 1 200 reais l’hectare (environ 220 euros), soit trois fois moins que le prix moyen du marché dans la région, il vend plusieurs gigantesques domaines de forêt vierge à Almeirim, dans le nord du Pará.

En plus de la vente, « João » propose d’autres services dans des messages vocaux WhatsApp : « la législation environnementale [du Brésil] est stricte, mais nous avons des moyens de s’arranger et de déboiser », explique-t-il. « Je peux faire ça en coupant et en brûlant à la mi-octobre. Quand la pluie s’arrête, ça brûle tout seul », poursuit-il. « Quand décembre arrive, il recommence à pleuvoir ici dans la région. On jette des graines par avion, puis la ferme est pratiquement formée ». En l’espace de quelques mois, la forêt vierge peut être transformée en pâturage. Prix de cette « opération environnementale » ? 700 ou 800 reais l’hectare (environ 128-146 euros par hectare), main-d’œuvre comprise.

Le vendeur semble sûr de son coup et n’hésite pas à nous proposer de déboiser « de 20 à 50 % » du terrain, alors que la loi fédérale interdit de déboiser au-delà de 20 % de la superficie des parcelles situées dans la forêt amazonienne. « S’ils vous proposent de déboiser 50 % de la superficie, cela signifie qu’ils vous proposent l’illégalité », déclare Rômulo Batista de Greenpeace, à qui nous avons fait part de ces éléments.

Document fourni par « João » attestant d’une demande d’obtention de titre foncier auprès de l’institut des Terres du Pará (ITERPA). (Image : Forbidden Stories)

Autre signe suspect : le titre foncier est en cours d’acquisition, nous indique « João » en nous faisant parvenir des documents attestant de la demande, mais il existerait un moyen d’accélérer la procédure. Pour 400 reais par hectare, le vendeur de Santarém déclare pouvoir obtenir en six mois le précieux document attestant de la propriété. Sans quoi il faudrait attendre entre cinq à vingt ans, d’après lui. L’institut du Pará chargé de la régularisation des titres fonciers (ITERPA) n’a pas répondu à nos questions.

Les terrains que « João » nous propose sont immenses et plusieurs dépassent la limite de 2 500 hectares qui en principe nécessite la validation du Congrès national pour être privatisés. Là aussi, « João » a la solution. Les CAR qu’il nous envoie révèlent que la parcelle qu’il nous propose est en réalité constituée de quatre surfaces situées les unes à côté des autres et d’environ 1 400 hectares chacune, soit moins que la limite.

Nous n’avons pas été en mesure de vérifier le sérieux de la proposition de vente de « João » mais nous l’avons contacté dans un deuxième temps en tant que journalistes. Sur WhatsApp, il a déclaré oeuvrer avec « le soutien des ONGs » à l’aide de « moyens 100 % légaux » pour « laisser la forêt intacte ». Il n’a en revanche pas répondu aux questions sur la mise en vente du terrain.

Etat du Pará, tel que vu par Dom Phillips et Repórter Brasil en 2019. (Photo : João Laet / Repórter Brasil / The Guardian)

Et maintenant ?

Au total, nous avons discuté avec huit vendeurs de terrain actifs sur Facebook, à chaque fois en nous faisant passer pour un client potentiel. Plusieurs d’entre eux nous ont précisé ne pas détenir de titre de propriété, un document pourtant essentiel pour vendre un terrain. L’un d’entre eux nous a proposé environ 1 360 hectares dans une réserve extractiviste fédérale du Pará, une aire protégée en principe interdite à la propriété privée.

Après une enquête de la BBC qui révélait l’utilisation de Facebook pour vendre des terres accaparées dans l’État du Rondônia, Facebook s’était pourtant engagé à interdire la vente de terres situées dans des zones de conservation biologique sur ses espaces commerciaux comme Marketplace en 2021.

Questionné par Forbidden Stories, Meta a déclaré par la voix d’un porte-parole qu’elle examinait les annonces sur Facebook Marketplace pour « identifier celles qui pourraient enfreindre ses règles » et a répété qu’elle interdisait « la vente de terrains situés dans des zones de conservation écologiques » sur ses espaces commerciaux. « La détermination de l’autorisation de vente d’un terrain particulier implique une analyse juridique complexe qui relève de la responsabilité des tribunaux locaux », a ajouté le porte-parole.

La présence d’annonces sur Facebook ne surprend pas Lucas Ferrante, un chercheur environnemental à l’Université fédérale d’Amazonas. « Il s’agit d’une pratique courante de ces organisations criminelles. Et cela montre que les organismes de contrôle ne fonctionnent pas dans ce domaine », déclare-t-il.

Souvent relié à d’autres crimes, comme le déplacement violent de communautés indigènes et de petits producteurs, l’accaparement des terres en Amazonie a des conséquences qui dépassent ses frontières. Pour lutter contre le réchauffement climatique, le Brésil a fait la promesse d’atteindre zéro déforestation d’ici à 2030. « Sans lutter contre l’accaparement des terres, il sera impossible d’atteindre [cet objectif] », déclare Rômulo Batista de Greenpeace. « Nous avons besoin d’une lutte sérieuse contre ces problèmes d’Amazonie qui tuent non seulement la forêt mais certaines des personnes qui vivent dans ces endroits », dit-il.

Dom Phillips était en quête de solutions. Mais en 2020, à la fin de son article sur les feux dans le Pará qui rapportait l’annonce sur Facebook de Nair Brizola, il écrivait : « Nous savons pourquoi les forêts amazoniennes brûlent comme ça, mais étant donné la situation politique actuelle du Brésil, il n’y a pas de solutions en vue. » Quelle conclusion aurait-il tiré aujourd’hui ?

Dom Phillips et Daniel Camargos en reportage en Amazonie. (Photo : João Laet / Repórter Brasil / The Guardian)

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